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Crise migratoire : régler le problème à la source pour mieux l'oublier chez soi ?

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BruxellesSociété#OPENEUROPE

[OPINION] L’agenda du Conseil européen informel programmé  « à l’arrache » par Donald Tusk ce 23 septembre n’avait rien d’original. À l’ordre du jour : la crise migratoire. Encore. Pourtant, l’heure est plus que jamais à la prise de décision. Lors de cette réunion, les leaders européens ont promis de résoudre cette crise à coup de millions. Mais l'argent peut-il sauver les migrants ?

Le 22 septembre, les ministres de l’intérieur de l’UE s’étaient mis d’accord sur un mécanisme de répartition de 120 000 réfugiés à travers les États membres (ce qui représente, rappelons-le, 0,00024% de la population européenne). Cette décision fut prise outrepassant les positions frigides de certains pays de l’Est parmi lesquels on retrouve la République Tchèque, la Slovaquie (dont la prise de position a valu à son premier ministre, Robert Fico, d’être suspendu du parti socialiste européen), la Roumanie et évidemment la Hongrie du « dictateur  Orban ». Le premier challenge de ce Conseil européen était donc de confirmer ce modeste objectif de répartition. « Personne n’a remis en question les décisions prises hier soir » déclarait François Hollande en conférence de presse. Une première depuis le début de cette crise migratoire qui divise l’UE et déchaîne les passions dans les plus hautes sphères du monde politique.

Parmi les mesures prises ce mercredi, les leaders européens ont promis une aide financière à hauteur d’un milliard d’euros. « Maintenant, l'accent devrait être mis sur l'aide extérieure aux réfugiés et aux pays à nos frontières », disait Donald Tusk, président du Conseil et chef d'orchestre du sommet.

Cet argent doit notamment servir à aider les agences humanitaires de l’UE et des Nations unies présentes aux portes de la Syrie ainsi que le programme alimentaire mondial. En début d’après midi, Federica Mogherini, haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, rappelait que les coupes budgétaires drastiques qu'ont subies ces agences étaient la raison principale de l’afflux massif de réfugiés ces derniers mois. Ne trouvant plus d’aide humanitaire (abri, assistance médicale, nourriture) à leurs frontières, les réfugiés n’ont plus eu d’autres choix que de partir et tenter l’exil européen. Une autre partie de cette somme doit également servir à renforcer les agences de protection des frontières européennes telles que Frontex ainsi qu’assister les États membres les plus touchés par cette crise.

Le choix de se concentrer sur l’aide extérieure peut être vu comme un aveu de faiblesse caché de l’UE, totalement dépassée par la situation intérieure. Car dans cette crise des migrants (ou « crise des réfugiés » pour ceux qui, comme moi, sont irrités par le récurrent terme « migrant » à la sémantique volontairement négative), l’opposition entre la dimension intérieure (faut-il s’occuper des réfugiés chez nous ?) et extérieure (faut-il s’occuper des réfugiés chez eux ?) nuit à la résolution même du problème. La question à se poser étant plutôt : comment conjuguer les aspects intérieurs et extérieurs de cette crise ?

Car, à part le très modeste objectif de répartition de 120 000 personnes, aucun plan concret n’a été proposé pour la gestion des flux en Europe et la question du mécanisme d'accueil permanent a été subtilement évitée. En faisant mine de vouloir régler le problème à la source, l’UE ne répond pas aux problèmes humanitaires urgents sur son territoire et laisse les États membres les plus hostiles enfreindre, à souhaits, les règles fondamentales du droit international humanitaire.

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Article rédigé par l'équipe locale de Bruxelles. Appellation d'origine contrôlée.