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Crise financière: L'Europe joue petit bras

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Le zinc de l'Europe

Une fois de plus, le vieil adage se vérifie : c’est uniquement face à l’adversité que les hommes acceptent enfin de mettre fin à leurs querelles et de s’unir en vue d’un objectif commun. Et lorsque les difficultés passent, le sentiment de l’unité demeure et c’est ainsi que se construisent les sociétés.

Le principe est également valable pour l’Union européenne, qui s’est essentiellement construite en réaction à l’histoire et aux événements dramatiques qui ont secoués le continent. Et aujourd’hui encore, il faut une crise financière pour que la Commission européenne réagisse et accepte de proposer à son tour un vrai plan de relance. 5 milliards d’euros, prélevés sur les excédents du budget communautaire et des objectifs ciblés, en l’occurrence les énergies vertes et le haut débit. Qui a dit que le fédéralisme économique était mort ? Non parce que ce plan de relance il signifie aussi que… enfin, il va permettre de… bon, ce que je veux dire c’est que…

Non, désolé, j’y arrive pas… J’ai essayé pourtant, j’ai bu trois Kwak et mangé deux paquets de Prince de Lu, mais c’est trop me demander là…

Non, mais sérieux, il fait franchement pitié ce plan !! Cinq pauvres milliards pour l’ensemble du continent ?!? Et, comble du ridicule, cinq milliards non disponibles juridiquement ! Oui, parce que les gars, faudrait voir à ne pas oublier que les compétences de l’Union sont limitées, et qu’en tout état de cause le budget doit être voté par le Parlement !

Mais bon, Barroso voulait tellement être reconduit à son poste de président de la Commission qu’il s’est dit, moi aussi je vais faire comme mes potes Sarkozy et Merkel, je vais faire des grands annonces, histoire de dire que l’Europe ça rigole pas ! Alors voilà, cinq milliards, maintenant, là, pour vous !

Silence poli.

Heu, José Manuel, l’argent tu l’as pas, en fait…

Ah bon ?

Bon, bah, désolé…

Et puis faudrait voir à s’entendre sur ce qu’est un plan de relance. Un plan de relance c’est censé être conjoncturel. On peut faire de la relance par la demande (aides sociales ou baisses d’impôts) ou par l’offre (aides à l’investissement). Mais dans tous les cas ça suppose deux choses : l’aide doit être rapide et massive. Bah oui, le but, c’est de retourner la tendance économique avant que la crise ne produise des effets destructeurs de long terme. Or le plan de Barroso n’est ni rapide ni massif.

Parce que, avant qu’on s’entende sur la répartition des dotations entre Etats et sur les objectifs, puis qu’on suive les règles européennes de distribution des fonds (présentation et sélection de projets précis), la crise sera finie depuis belle lurette. Par ailleurs, si la Commission espère retourner la crise avec cinq petits milliards, c’est qu’elle a abusé du Picon Bière !

Non, le truc, c’est que la Commission poursuit ses objectifs habituels, développement durable et économique (qui sont très valables par ailleurs), mais veut nous faire croire à un plan de relance, alors qu’il s’agit d’investissement structurels.

Mais alors, on pourrait se dire : oui, en fait, la Commission, c’est une fan de Nicolas Hulot et elle pense que la crise c’est plutôt en fait l’expression de la fin d’un type d’industrie, et qu’il faut changer nos modes de production et tout et tout… Super, je suis entièrement d’accord.

Mais encore une fois, transformer structurellement nos économies, ça coûte pas cinq milliards !! A ce prix là, vous avez trois centrales biomasse, un pôle expérimental de charbon propre et la fibre dans une vingtaine de villages bulgares !! On est bien avancés, les gars…

Le problème avec l’Europe, c’est que comme un joueur de foot français : l’inspiration est bonne, c’est l’exécution qui fait défaut. La peur de gagner ?