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Cost of life experiment - Sofia

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Sofia

Il est d’un hasard heureux que le « Cost of Life Day » coïncide avec le lancement de Babel Sofia. D’autant plus que les architectes de cette expérience ont décidé d’inclure une sortie cinéma dans le calcul du coût de la vie. Cela faisait longtemps que je voulais voir le film du réalisateur bulgare Stephan Komandarev The world is big and salvation lurks around the corner.

Je joins ainsi l’utile à l’agréable.

Les transports en commun à Sofia étant une vraie bataille pour la survie dont seuls les plus forts (ceux maîtrisant à merveille l’art du croche-patte, du coup de coude et de la danse élégante sur les pieds de leurs voisins) peuvent espérer en sortir indemnes, cela fait quelque temps que je ne me déplace qu’avec ma petite Citroën Saxo, 0,997 euros le litre d’essence A95. J’ai de la chance, nous sommes un samedi après-midi et je fais le trajet de chez moi dans les quartiers sud de Sofia jusqu’au centre-ville en 20 minutes, ce qui m’aurait pris au moins 45 minutes un jour de semaine. Si j’avais opté pour les transports en commun, j’aurais dû prendre d’abord le trolleybus puis le tram, ce qui nous fait deux tickets (à Sofia, à chaque changement de ligne le voyageur doit changer de ticket) à 0,51 euros pièce dans une direction, soit 2,04 euros pour l’aller-retour. Un voyageur plus courageux aurait pu prendre LE moyen de transport made in Bulgaria, la marchroutka (de marchroute = trajet).

L’avantage de ce type de locomotion est qu’il combine le trajet de deux lignes de bus et qu’ainsi le voyageur n’a pas de changements à faire – prix 0,76 euros. Il s’agit en quelque sorte d’un minibus où la place prévue est pour une douzaine de personnes, mais s’entassent en réalité plus du double, le principe étant que le chauffeur s’arrête à chaque fois que quelqu’un lui fait signe (comme un taxi) et accepte des voyageurs jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place même pour une mouche. Ces chauffeurs sont souvent d’anciens pilotes de Formule 1, allant même jusqu’à rouler sur le trottoir pour éviter les bouchons en heure de pointe (oui, oui !). J’ai donc choisi la voiture. Je paie 1,02 euros pour le parking du cinéma.

C’est devant ce grand bâtiment appelé communément ici en Bulgarie un Mall (puisqu’il est beaucoup trop difficile de trouver un équivalent de Centre commercial en langue bulgare) que je retrouve mes amis pour voir le film. Ces lieux de la consommation et du divertissement fleurissent depuis quelques années à Sofia et rassemblent adeptes du shopping, de blockbusters et de fastfoods. Malheureusement, les petits cinémas indépendants n’existent presque plus à Sofia, nous sommes donc obligés de voir le film au Cineplex. 4,08 euros la place.

En attendant le début de la projection, nous sommes un peu en avance, mon amie qui a très faim décide de s’offrir un menu Big Mac, 3,10 euros (1,83 euros le sandwich seul).

Voici le générique de fin. Sourire aux lèvres et lueur dans les yeux, les spectateurs quittent la salle et s’exclament, enthousiasmés, que cela leur redonne espoir pour l’avenir de l’art cinématographique en Bulgarie (je ferai prochainement une critique du film). Inspirés, nous décidons de boire un verre et comparer la vision que chacun a eue du film. Mes amis prennent des cocktails, je conduis, je n’ai droit qu’à une bière. La pinte coûte ici 1,02 euros.

Au total, la sortie (transport, ciné, menu Big Mac, pinte) revient à 10,24 euros

Vous trouvez peut-être cela peu cher par rapport à votre ville ? Attendez un peu.

Le salaire minimum en Bulgarie est de 112,24 euros et le salaire moyen pour le pays est de 260,20 euros. Cela varie énormément en fonction de la région : par exemple, le salaire moyen à Sofia est de 342,86 euros, soit 32 % de plus par rapport à la moyenne du pays. Un professeur en début de carrière gagne 229 euros, un médecin – entre 285 et 357 euros selon la spécialité, en 2007, le salaire moyen d’un médecin en hôpital a été de 444,89 euros, un expert dans l’administration du parlement reçoit un salaire de 431 euros.

Alors que les salaires bulgares restent des plus bas en Europe, les prix, eux, ne cessent d’augmenter. Ainsi, le coût de la vie en septembre 2008 a augmenté de 13,7 % par rapport au mois de septembre de l’année précédente. Le coût des produits alimentaires a augmenté de 13 %, celui des produits non-alimentaire et des services – de 14,3 %, dont 15 % pour le chauffage et 14,7 % pour l’électricité.

Si l’on fait le calcul des frais fixes pour l’entretien d’un appartement de 80 m2 à Sofia – 25 euros d’électricité par mois, 60 euros de chauffage pour les mois d’hiver, 25 euros de téléphone, 20 euros d’eau chaude – , quand on y rajoute la nourriture, l’habillement, on voit bien qu’il reste relativement peu d’un salaire bulgare pour les sorties et les plaisirs.

Ainsi, en plus de comparer le coût de la vie dans différents pays, il faudrait peut-être faire une comparaison en termes de pouvoir d’achat.

En attendant, j’organiserai des soirées DVD à la maison avec quelques bières achetées au supermarché et un plat maison.

Pour comparer avec d'autres villes :

Stockholm

Athens

Budapest

Istanbul

Clermont-Ferrand Köln

Paris

Sevilla

Strasbourg

Lyon