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Comment choisit-on ses langues étrangères ? 

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Translation by:

Adrian Wigda

Tour de babelCulture

Pour le bac polonais ou pour d'autres moments décisifs, concentrons-nous sur le choix de la langue étrangère que nous commençons à apprendre. Quels facteurs le déterminent-ils vraiment ? Pourquoi ressent-on un coup de cœur pour le français, le danois ou le catalan ? En quoi l’attractivité d’une langue consiste-t-elle ? De vraies questions qui appellent les bonnes réponses.

Tellement de têtes, tellement d’avis – et encore on ne parle des goûts. Chacun choisit une langue étrangère qui lui convient, mais comment ce processus fonctionne-il ? Jetons un œil sur la diversité langagière : à l’ère d’Internet, on a la possibilité de connaître une langue quelconque, même celle du coin le plus éloigné du monde. Les langues peuvent être triées selon leur niveau de difficulté ou leur appartenance à une famille donnée. On consulte des forums, on lit des opinions et, finalement, on choisit. Que détermine-t-il ce choix ?

Avant de passer à nos réflexions, voici une petite citation de Charles V, polyglotte :

« Je parle espagnol à Dieu, italien aux femmes, français aux hommes et allemand à mon cheval ».

Voilà.

Amour, gloire et beauté

Le moment est venu de poser LA question : pourquoi ? En se basant sur les recherches de Vinetta Chand, docteur en linguistique à l’Université de l’Essex, il est possible de tirer la conclusion que l’attractivité d’une langue est strictement liée à des personnes qui l’utilisent. Les sociologues pensent que si un groupe social ou une nationalité est perçu(e) positivement, sa langue est aussi considérée comme telle. L'autre aspect qui joue un rôle déterminant dans le choix de la langue est la situation économique d’un pays, bien évidemment. C’est par cela qu’on justifie la popularité toujours croissante du chinois. Beaucoup pensent également qu’il n’est pas rentable d’apprendre une langue étrangère utilisée dans un pays qui est moins développé ou qui n’est pas une puissance économique.

Chand souligne également que le nombre de locuteurs se révèle être déterminant. L’anglais est très populaire dans les écoles, pendant les cours et les séjours linguistiques, parce qu’en l’utilisant, on peut communiquer avec autrui presque partout, tout le temps. C’est pourquoi les langues ayant une portée limitée, comme le hawaïen, ne semblent pas attractives. Elle indique aussi, quant à la sonorité d’une langue, que rien ne la rend plus ou moins attirante pour l’auditeur. De plus, le fait de percevoir le français ou l’italien comme les langues mélodiques est plus correlé avec les régions où on les utilise, et non avec leur sonorité « réelle » ou leur système phonétique.

Pourtant, il existe une relation entre les sons réalisés dans une langue donnée : une personne dont l’anglais est la langue maternelle considérerait les langues ayant des sons similaires comme plus attirantes. Selon Patii Adank, docteur à l’University College de Londres, les Anglais apprécient le français et l’italien, tandis que les langues qui sonnent « rudes » ou celles comme le mandarin ne les attirent pas. Tout simplement parce que la distinction entre les tons ne sonne pas naturellement pour un Anglais.

Un autre aspect de l’attractivité d’une langue est abordé dans un livre « Through the Language Glass: Why the World Looks Different in Other Languages » de Guy Deutscher, un linguiste israélien. Or, l’auteur attire l’attention sur l’existence de groupes consonantiques dans différentes langues. Selon lui, une personne qui n’utilise pas une certaine combinaison de phonèmes la trouve trop difficile quant à la réception, ce qui ne l’incite pas à apprendre. À titre d’exemple, M. Deutscher cite un mot allemand « selbstverständlich », qui signifie « évidemment » en français. Dans ce mot, il existe un grand groupe de consonnes « lbstv » qui ne sont séparées d’aucune voyelle.

Quand les Polonais apprennent les langues scandinaves

Et comment cette situation se présente-t-elle en Pologne ? Quelles langues sont-elles les plus attractives ? Bien sûr, c’est l’anglais qui demeure invariablement le numéro un. Plusieurs personnes choisissent certainement l’anglais, parce qu’il est international, populaire, d’une portée immense et nécessaire pour le travail. Sur le graphique d’ESKK (la succursale polonaise de l'European School for Correspondence Courses, ndt), on peut vérifier comment s’est présenté l’apprentissage des langues étrangères en Pologne dans les années 2002-2012. On y observe même une tendance intéressante. L’anglais se place toujours premier rang, suivi par l'allemand. En revanche, derrière, les places ont beaucoup changé. Naturellement, au fil des années, le français, l’italien et l’espagnol restent toujours populaires, variant selon la combinaison et la place dans le classement. Chose nouvelle : les langues scandinaves deviennent très populaires.

De plus en plus de personnes s’écartent de l’espagnol ou de l’allemand « éculés » et investissent dans une langue qui est moins connue dans le monde. Que motive-t-il les gens à apprendre, par exemple, le norvégien ? Son originalité. La bonne connaissance d’une langue moins populaire augmenterait considérablement les possibilités d’emploi, en rendant le candidat plus flexible.

Comme on peut le constater, les choix linguistiques des Polonais ont changé ces dix dernières années, ce qui montre bien qu’ils ne sont pas des monogames linguistiques.

Et vous, comment percevez-vous l’attractivité des langues ? Quels facteurs envisagez-vous au moment de choisir ? Une langue attractive est-elle celle qui s’apprend facilement ? Le fait que votre acteur préféré parle la langue que vous apprenez, a-t-il une incidence sur son attractivité ? 

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Cet article, provenant du site linguistique Woofla.pl, est paru pour la première fois le 20 mai 2015.

Translated from „I do”, czyli o wyborach językowych na całe życie