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Cassandra complex : Cyberpunks in the EU !

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Maitre Sinh

Fr

Vers la fin des années 80, on met des rangers, on joue du synthé et on se crêpe (encore) les cheveux.Et on lit aussi beaucoup de SF cyberpunk.qui nous parle d'un futur proche et sombre ou dominent réseaux informatiques, ultraliberalisme et de jihads millénaristes ( toute choses qui sont devenues vingts ans après notre pain quotidien).

Ce bouillon de culture donnera l'album "cyberpunx" du Groupe britannique Cassandra complex que d'aucun qualifient de culte: cet opus "electro-new-wave pre-gothiqque a tendance post punk" est plus qu'un album, mais un manifeste mettant la pop au service d'une critique acide du présent, comme du futur qui approchait à la vitesse d'un TGV croisé avec un aéro-train.

Lets' go to Europe , l'un des titres, est une donc une charge antiaméricaine virulente. Mais la chanson ne se contente pas déverser son mépris des yankee de la manière la plus crue qui soit ( voir pour s'en convaincre les paroles au bas de l'article): elle affirme aussi un contre-modèle : l'Europe, la nouvelle Europe "communautaire". D'où le titre de la chanson ("Allons en Europe").

Étonnant n'est il pas ? Des britanniques champions de l'europatriotisme version cyberpunk ?

Pas vraiment,car d'une part quoi de plus "rebelle" dans le royaume-uni post-tatcherien de s'affirmer pro-européen et anti-americain ?

Plus fondamentalement, entre le modèle dominant, écrasant des USA, et celui moribond de la vieille URSS, Cassandra Complex a choisi son camps. Ou plutôt il l'ont re-découvert. C'est l'Europe à venir. L'Europe Cyberpunk des années 20XX.

Pour l'heure, à l'époque ou il écrivent l'album, elle était encore loin, et c'est tout le mérite des visionnaires et des rebelles, fussent ils pop, de décider que le futur commence là. A la fin des années 80, on voit tout juste tomber le rideau de fer. Leur Europe, c'est celle qui s'affirme peu a peu, à une époque ou les frontières entre les Etats sont encore surveillées par des douaniers, mais pour quelques années encore seulement ....les Cassandra Complex sont attentifs à ce redémarrage de l'histoire a peine transfiguré par la Science-fiction

Dans le même temps, après presque un demi-siècle de guerre froide, le modèle US semble épuisé. Les auteurs de SF américaine eux-même, dans la littérature cyberpunk, dépeignent dans un futur proche une Amérique décadente politiquement et économiquement, et une Europe communautaire riche, arrogante et de nouveau à la tête de la politique mondiale, ou de ce qu'il en reste. On croise souvent des "européens terribles" dans "iles sur le réseau" de Sterling par Exemple, avec ses banquiers de données pirates corso-luxembourgeois, jusqu'au germano-avignonnais et sa clique techno-Bohême Praguoise dans le Feu sacré , du même auteur.

Si les européens (sic) y sont parfois désagréables, l'Europe, par contraste avec les USA et le reste du monde, y est dépeinte comme un havre de sécurité, de technologie et de culture. En 1989, l'histoire congelée depuis 1945 se remet en marche et s'accélère. La technologie et l'économie aussi. Tout change vite à l'orée des années 90.

Cassandra Complex fait un gros "fuck" aux conservateurs, politiques et technologiques, et appui un bon coup sur l'accélérateur.

On le verra ainsi le groupe poser avec leur dégaine new-wave devant un grand drapeaux européens, qui orne d'ailleurs la pochette de la version live de l'album !

Anarchy in the UK pissait sur le Royaume Uni... Suprême irone, 35 après, l'union jack, emblème national britannique, est devenue grâce aux gesticulations de Sid Vicious, le motif branché de toute lolita qui se respecte. Cassandra Complex, dans le mode eurotrash-cyberpunk, n'ont pas été loin de la même performance.

Car parfois il y aussi de gros nuages noirs sur ce futur. Tout est loin d'être rose ni même bleu et jaune dans cet avenir. Cassandra Complex ne promet pas le pays de cocagne. Si ce n'est pas un "no-future", c'est quand même un "dark" future. Un futur sombre ou, néanmoins, l'Europe aura achevé sa mue post-nationale et retrouvé tout sa place. L'ambiguïté n'est pas loin, et c'est à ce prix là que cet ode cyberpunk à l'UE fonctionne.

Peut être est-ce pessimisme malgré-eux qui, contre toute attente, est dans le fond, la marque distinctive commune aux européens jusque dans la culture pop.

"Nightfall over EC" ( "la nuit tombe sur la communauté Européenne")

Les paroles de let's go to Europe ( avec traduction)

Three hundred years ago we threw you out ( il y a trois siècle nous vous avons foutu dehors)

We didn't want you then, and we don't want you now (nous ne voulions pas de vous à ce moment et nous n'en voulons toujours pas)

You didn't take our culture, you took slaves instead (vous n'avez pas conservé notre culture, vous avez pris des esclaves a la place)

You wrote a constitution and left it unread ( vous avez écrit une constitution et ne l'avez jamais lue)

Let's go to Europe

Your only source of knowledge is T.V. ( votre seule source de connaissance est la Télé)

You censor everything and think you are free (vous censurez tout et vous croyez libres)

The land of milk and honey (le pays de lait et de miel)

Becomes the land of the Me (...devient le pays de la pisse)

Let's go to Europe

We did Paris this morning, now we're in Amsterdam

We'll be in Rome tomorrow if all goes to plan

By the end of the week, we'll have covered it all

There's not much to Europe really, it's so small

Go back to the colonies, go back to where you belong ( retournez dans les colonies, retournez chez vous)

Go back to the land that you stole, and leave us humans alone (retournez au pays que vous avez volé, et laissez nous, nous les humains, tranquilles)

Let's go to Europe

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