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Brooklyn ou Déchirée entre deux mondes

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Sarah Wouters

Critique du film "Brooklyn": Une jeune émigrante doit choisir entre ses racines Irlandaises et sa nouvelle maison à New-York. Une histoire d'amour, de famille et -le plus important - sur le fait de se sentir chez soi quelque part.

C'est l'histoire d'une jeune Irlandaise émigrant au Etats-Unis dans les années 50 dans l'espoir d'y trouver un travail et vivre dans de meilleurs conditions. Quand son but semble finalement atteint, elle est rattrapée par son passé.

"Il lui fut étrange de penser que la seule perspective qu'elle savourait était la perspective d'une maison bien à elle".

- Colm Tóibín, "Brooklyn"

L'auteur du livre sur lequel se base l'intrigue du film - Colm Tóibín - est née à Enniscorthy (Tout comme Eilis, le personnage principal) en 1955 et est un habitué des écrits sur la société Irlandaise, les émigrants, cherchant à l'étranger de quoi se sentir "à la maison". Il a publié "Brooklyn" en 2009. Comme cité plus haut, l'histoire retrace la vie d'une jeune femme à la recherche d'un endroit où elle se sentirait chez elle. Au début, sa souffrance, elle la cache douloureusement dans le silence. Quand  le mal du pays devient insurmontable, elle tente de se ressaisir et cherche un autre moyen d'appréhender sa nouvelle situation. Et c'est la quelle rencontre Tony. Un jeune plombier Italien issue

d'une famille nombreuse. Avec lui, Eilis semble peu à peu se faire sa place. Et là, le drame, sa sœur vivant en Irlande meurt en laissant seule leur vieille mère. Eilis est de nouveau confrontée à un choix; celui de continuer sa vie à Brooklyn et celui relevant plus du devoir, rentrer s'occuper de sa mère rejoignant la culpabilité que réveille en elle la mort de sa sœur. La dernière idée triomphe, elle rentre au pays.

A son retour sur sa Terre Natale, Eilis Lacey se rend compte que les choses ont changés. Cela ne l'empêche pas de reprendre ses vieilles habitudes et son style de vie là où elle les avait laissés en partant pour le nouveau monde.

Elle s'éprend même d'un local, merveilleusement interpréter par le brillant Domnhall Gleeson. A partir de là, elle perd ses repères, partagée entre deux monde, hésitant entre deux hommes. Et c'est ce qui fait des récits de Tóibín, des histoires aux désirs inexplicables et difficilement identifiables. Là, nous sommes face à la nostalgie et l'envie d'une maison qui n'existe plus. Que peut-elle faire? Prétendre ne jamais être partie  ou accepter le fait que son séjour au-delà des mers et des océans l'a transformé et que rejoindre la dynamique d'une petite bourgade comme le village de Wexfordian lui est maintenant impossible?

Avant que je ne devienne trop philosophe, je dois parler du casting impressionnant qui réunit de talentueux acteurs. Assurément, Saoirse Ronan nous délivre là sa meilleure performance connue, surtout quand on connait son attachement personnel au film. En effet, l'histoire fait échos à sa vie. Ronan est née dans le Bronx, un autre quartier de New-York, et a déménagé en Irlande, pays d'origine de ses parents, quand elle été jeune. Ses parents se sont vraiment mariés au Brooklyn town-hall et comme le mariage de Eilis et Tony dans le film,  celui-ci c'est fait en petit comité. Ce rapprochement  a rendu Ronan très protective et très anxieuse part rapport à la réception du film - surtout par l'audimat Irlandais. Pour la petite histoire: Elle a demandé à garder le maillot de bain vert qu'elle utilise dans le film en guise de souvenir.

Emory Cohen - il joue le rôle de Tony, un des soupirants de Eilis - m'a bluffé, surtout car il a su apporté une grande fraîcheur par son rôle. Il est justement comparé à Marlon Brando, pas seulement physiquement mais aussi par son habileté à explorer les profondeurs de son personnage. Il interprète Tony  avec une telle honnêteté et une telle vulnérabilité qu'un seul regard et vous vous pâmez. Un vrai héros des années 50, à la différence près que Cohen est née en 1990. En approfondissant mes recherches à son sujet, je réalisais que je l'avais déjà vu. Le fils perturbé de Bradley Cooper dans " “The Place Beyond the Pines”, c'est lui.  Je me rappelle comment sa performance et celle de Dan DeHaan (Le fils de Ryan Gosling) m'avait impressionnée dans ce film. Tous deux si jeunes et pourtant, si profonds dans leur jeu d'acteur. A suivre donc. Je suis prête à croire que ce jeune homme accomplira de grande chose.

Une autre étoile montante  de cette oeuvre d'art est la brillante Julie Walters.  La réalisation de ce film transpire la sincérité et la tendre proximité  - pour elle aussi. En effet, sa propre mère était Irlandaise, ce qui lui a permis de voyager à travers son passé. En sachant cela, l'implication de Walters dans son personnage fait sens, ainsi que son accent.

La beauté du film c'est aussi la retranscription de la tranquillité qui se ressent dans le roman de Tóibíns. Sur ce point, nous pouvons reconnaître l'habileté de Nick Hornby en tant que scénariste. Il a su adapter le livre tout en créant les fondements de ce film. Le fait que Hornby est aussi le mari d'une des productrice, connu sous le nom de Amanda Posey,  atteste d'un projet ambitieux bien que discret, ce film fut. Etre reconnu par le BAFTA comme "Meilleur Film Anglais" était certainement mérité.

Une seule question reste sans réponse, Eilis retournera-t-elle auprès de Tony? Ça vous le saurez en allant voir le film au cinéma, mais sachez cela: A la fin, c'est en nous que nous trouvons la force de créer notre foyer, il correspondra à nos désirs, nos déceptions et nos drames de la vie quotidienne. Voilà l'enseignement que je retiens de ce film.

Translated from Torn between two worlds.