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Bataille pour la Commission, 1er Round  

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Bruxelles

Hier, mardi 27 mai, les 28 chefs d'Etat et de Gou­ver­ne­ment se sont réunis au Conseil Eu­ro­péen, le but était de prendre une dé­ci­sion concer­nant le futur pré­sident de la Com­mis­sion eu­ro­péenne. Les at­tentes étaient grandes mais les ré­sul­tats ont déçu. Le point final a été de don­ner à Her­man Van Rom­puy un man­dat pour trou­ver un pré­sident à cette Com­mis­sion.  

Cette dé­ci­sion an­nonce donc que les né­go­cia­tions entre les par­tis en pré­sence peuvent dé­mar­rer. Que ce soit les Etats, le Conseil, et les dif­fé­rents par­tis po­li­tiques, ils vont tous avoir un rôle à jouer dans la dé­si­gna­tion de la tête de l'exé­cu­tif eu­ro­péen. En effet comme in­di­qué pré­cé­dem­ment le can­di­dat re­tenu doit ras­sem­bler la ma­jo­rité qua­li­fié de­vant le Conseil Eu­ro­péen, et il doit ob­te­nir une large ma­jo­rité de­vant le Par­le­ment. Mais pre­mière étape, les Etats. Ainsi David Ca­me­ron, An­gela Mer­kel, Fran­çois Hol­lande et tous leurs amis sont ar­ri­vés hier, prêt à dis­cu­ter et échan­ger du­rant ce qu'ils ap­pellent un “diner in­for­mel”. Pen­dant cette soi­rée, des groupes se sont déjà for­més, ils se sont fa­çonné au­tours d'un débat pro ou contre Jun­ck­ler qui est ar­rivé en tête des élec­tions. Mais comme l'a sou­li­gné An­gela Mer­kel « Il n’y a pas d’au­to­ma­tisme » et toutes les pos­si­bi­li­tés res­tent ou­vertes.

An­gela Mer­kel, une des pre­mières à sor­tir des voi­tures of­fi­cielles, ouvre le bal en in­di­quant la com­plexité des né­go­cia­tion à venir. « Il faut voir qui veut col­la­bo­rer avec qui. Nous vou­lons nous pen­cher sur les pro­grammes, le contenu et nous dis­cu­te­rons à nou­veau de la per­son­na­lité [des can­di­dats].À la fin, une série de per­sonnes se­ront sur la table. On doit pen­ser à la ma­nière dont on peut sa­tis­faire les so­cia­listes, le PPE, etc ». Ce­pen­dant elle in­dique son clair sou­tien à Jun­ck­er « En tant que membre du PPE, je pro­pose que Jean-Claude Jun­cker de­vienne le pré­sident de la Com­mis­sion eu­ro­péenne. »

David Ca­me­ron, qui a vu la vic­toire du parti eu­ros­cep­tique UKIP à la der­nière élec­tion, com­mence par sor­tir un dis­cours vi­sant en­core et tou­jours à sa­tis­faire l'élec­to­rat bri­tan­nique « Nous de­vons avoir une ap­proche qui re­con­naisse que Bruxelles est trop grand, trop au­to­ri­taire et in­tru­sif ». In­di­quant ainsi que la dif­fi­culté de don­ner un man­dat clair au futur pré­sident de la Com­mis­sion est sur­tout basée sur les dif­fé­rences d'at­tentes entre les Etats. Il se po­si­tionne no­tam­ment contre Jun­ck­ler : « L’Eu­rope doit chan­ger et nous n’avons pas be­soin d’homme du passé ».

Fran­çois Hol­lande, quant à lui, cherche à ré­for­mer ce man­dat et l'orien­ter vers les pro­messes qu'il avait faites du­rant sa cam­pagne pour la pré­si­den­tielle déjà deux ans au­pa­ra­vant. « Je sou­haite que le man­dat de cette Com­mis­sion se concentre sur la crois­sance, l'em­ploi et l'éner­gie, et da­van­tage sur la pro­tec­tion ». Très af­fai­bli par le ré­sul­tat des élec­tions, il cherche à re­do­rer son bla­son en es­sayant de sa­tis­faire l'at­tente des ci­toyens fran­çais. De plus Fran­çois Hol­lande veut se dé­doua­ner du ré­sul­tat de son pays « Quand la France vote comme elle a voté di­manche (...), oui c'est un pro­blème mais pas seule­ment pour la France. C'est un pro­blème pour l'Eu­rope et l'Eu­rope doit l'en­tendre »

Un groupe s'est aussi formé contre Jean-Claude Jun­cker en ut­li­sant plu­sieurs sortes d'ar­gu­ments. Par exemple Vic­tor Orban et Fre­de­rik Rein­feldt se sont po­si­tion­nés contre le sys­tème de tête de liste et s'op­posent ainsi à la no­mi­na­tion du can­di­dat du PPE. Ils peuvent aussi comp­ter sur d'autres al­liés dans cette cam­pagne étant donné que le fin­lan­dais Jyrki Ka­tai­nen, et le li­bé­ral néer­lan­dais Mark Rutte ont ex­primé leur désac­cord sur cette dé­si­gna­tion.

Le Conseil s'est ter­miné par une al­lo­cu­tion de Her­man Van Rom­puy lais­sant en­tendre que toutes les pos­si­bi­li­tés étaient en­core en­vi­sa­geables, n'ayant pas cité une seule fois le nom de Jean-Claude Jun­cker la ba­taille ne fait donc que com­men­cer. Ainsi le choix du Conseil eu­ro­péen de ne pas au­to­ma­tiquement dé­si­gner ce der­nier en tant que pré­sident lé­gi­time n'an­nonce pas de bonnes nou­velles concer­nant la confiance des ci­toyens eu­ro­péens en­vers l'Union Eu­ro­péenne. En effet, le choix dé­mo­cra­tique des ci­toyens a été clair mais les Chefs d'Etat et de Gou­ver­ne­ment n'ont pas l'air d'avoir conscience que c'est ce genre de pra­tique qui en­traine la dé­fiance des eu­ro­péens. 

Si vous vou­lez voir les cou­lisses du Conseil on vous pro­pose quelques pho­tos en plus: