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Barroso et la crise financière : « Ce dont l'Europe et le monde ont besoin maintenant »

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Politique

Nous publions la réaction officielle du Président de la Commission européenne à la crise financière mondiale.

« L'onde de choc de la crise financière qui a débuté il y a à peine plus d'un an aux Etats-Unis a soudainement parcouru le monde entier, et nul n'est à l'abri. Des géants de l'univers de la finance ont tout à coup été confrontés à la faillite et les perspectives d'avenir de nombreux ménages et entreprises se sont obscurcies.

(Photo: murplej@ne - antibiotic resistance/ Flickr)Mais le temps n'est pas aux analyses post mortem, qui pourront être pratiquées plus tard. Ce qui importe dans l'immédiat, c'est que les dirigeants politiques trouvent les bonnes réponses pour endiguer l'impact immédiat de la crise, protéger l'épargne des citoyens et veiller à ce que le robinet du crédit reste ouvert pour les entreprises, et ensuite pour mettre en place un meilleur système de gouvernance pour l'avenir.

Tout au long de l'année écoulée, l'Union européenne a agi à maints niveaux pour s'attaquer aux dysfonctionnements du système financier – les gouvernements nationaux, la Banque centrale européenne, la Commission européenne. C'est ainsi que la transparence, la surveillance et les normes financières sont progressivement améliorées. Mais la réponse de l'UE revêt encore un caractère largement national. Même si l'UE compte plus de 8000 banques, les deux-tiers du total de ses actifs bancaires sont détenus par seulement 44 banques transfrontalières. Nombre d'entre-elles opèrent dans au moins six Etats membres différents et sont la preuve concrète du fonctionnement du marché intérieur. Mais ces banques transfrontalières sont aussi confrontées à des systèmes de surveillance différents dans chaque Etat membre.

« Je suis convaincu que l'UE saura relever ce défi, si la volonté politique existe »

Ces tout derniers jours ont démontré que ces acteurs clés savent collaborer pour s'attaquer avec rapidité et efficacité aux problèmes auxquels ils sont soudainement confrontés. Notre bonne capacité de réponse à chaud doit être mise à profit pour mettre en place un système plus robuste – et plus européen – sur le moyen terme. Cette coopération plus structurée supposerait de faire des choix, une difficulté qui n'a pu être surmontée par le passé. Il serait pourtant logique de supprimer cette incohérence entre un marché d'échelle continentale et des systèmes de surveillance de niveau national.

Lorsqu'une banque transfrontalière est sous pression, les diverses instances prudentielles nationales ont certes la possibilité d'œuvrer parallèlement pour trouver des solutions rapides, mais ce n'est pas facile. Il serait certainement préférable de disposer d'un cadre de coopération, de sorte que chacun sache à l'avance comment il devra réagir.

Les dirigeants de l'UE disposent d'un immense réservoir d'expertise où puiser : ministères des finances, banques centrales et instances prudentielles. Les citoyens attendent de nous que nous usions au mieux de cette expertise. La Commission européenne est déterminée à soutenir les évolutions en ce sens. Nos règles de concurrence et sur les aides d'État y contribuent déjà, l'action décisive de ces derniers jours ayant montré qu'elles étaient suffisamment rapides, souples et réactives pour y prendre leur part. Et grâce à elles, chacun peut être sûr qu'une décision de sauvetage ou de restructuration ne produira pas d'avantages indus pour certains acteurs ou pays.

Notre priorité doit être de rétablir pleinement la confiance au sein du secteur financier, ainsi que la confiance du public envers ce secteur financier. Or, il est difficile de voir comment on pourrait y parvenir sans renforcer la surveillance et la coopération au niveau communautaire. La mise en place de systèmes adaptés aux marchés financiers d'aujourd'hui exigera un engagement soutenu de notre part. Cette semaine, la Commission européenne présente des propositions visant à améliorer la qualité des fonds propres détenus par les banques et à créer des instances prudentielles collégiales pour les banques transfrontalières. Dans leur foulée, une proposition de nouveau système de régulation des agences de notation sera présentée dès les semaines suivantes. L'impact de ces propositions sur le rétablissement de la confiance sera d'autant plus fort que les États membres et le Parlement Européen sauront les adopter rapidement.

Au-delà de la large feuille de route de mesures convenue par les ministres des finances et des propositions actuelles de la Commission, je suis persuadé que nous pouvons faire encore plus: - dans des domaines comme la surveillance au niveau de l'UE des banques transfrontalières, en veillant à l'existence de mesures concertées à mise en œuvre rapide;

- en harmonisant mieux les systèmes de garantie des dépôts de toute l'UE;

- et en concevant de nouveaux mécanismes d'évaluation des « actifs complexes » afin d'éviter la volatilité de cours tirés à la baisse par l'effondrement du marché, et afin de mettre les banques de l'UE sur un pied d'égalité avec leurs contreparties au niveau d'aspects comme les modalités d'application des règles comptables;

- nous comptons aussi aller plus loin au sujet de la rémunération des hauts dirigeants d'entreprises, en s'inspirant des recommandations formulées par la Commission dès 2004.

Si ces dernières avaient été plus largement reprises, certains désagréments auraient sans doute été évités. Il est maintenant temps de se projeter au delà des limites nationales : si cette crise doit nous livrer un enseignement, c'est bien que les marchés financiers internationaux sont parvenus à un tel degré d'intégration que les frontières nationales ne signifient plus grand chose. Dès lors que banques et établissements financiers revêtent une dimension internationale, il est normal que régulateurs et autres instances de protection des intérêts des déposants aient aussi la possibilité d'agir rapidement à l'échelon transfrontalier.

« La conférence internationale que le Président Sarkozy propose d'organiser rapidement est une excellente suggestion »

J'ai déjà vu l'Union relever les défis auxquels elle était confrontée dans nombre de circonstances différentes et je suis donc convaincu qu'elle saura le faire une fois encore, si la volonté politique existe. Avec notre expérience combinant expertise technique et contrôle politique, je suis sûr que l'UE a beaucoup à offrir: tant à l'Europe elle-même qu'à un monde à la recherche d'un meilleur système de régulation des marchés financiers. La conférence internationale que le Président Sarkozy propose d'organiser rapidement est une excellente suggestion: nous avons vécu avec le système actuel pendant plus d'un demi-siècle, mais notre devoir envers ceux qui ont été frappés par la crise actuelle est de rechercher avec détermination les moyens qui nous permettrons à l'avenir de garantir stabilité et prospérité. »

Translated from José Manuel Barroso on the financial crisis: 'national borders mean little'