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Barroso : candidat de troisième choix ?

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Les dirigeants des états membres de l’UE se sont contentés d’un compromis pour l’attribution du plus haut poste de la Commission. Un laisser-aller qui se paiera plus tard ?

José Manuel Durao BarrosoAucun signe d’enthousiasme : lorsque les chefs d’état et de gouvernement européens, après une semaine très tumultueuse, se sont finalement mis d’accord le soir du 29 juin 2004 sur le successeur du Président de la Commission Romano Prodi, l’Europe n’a montré aucune liesse particulière. Rien d’étonnant à cela : le « nouveau », José Manuel Durão Barroso, Premier Ministre portugais, ne s’est jusqu’à présent jamais ou presque manifesté sur la scène européenne. Il y a quelques mois encore, la mention de son nom à Bruxelles n’aurait soulevé qu’un simple haussement d’épaules un peu perplexe.

Qui est donc cet homme qui, sur la première marche des institutions de l’UE à partir du 1er novembre, guidera le destin de l’Europe ?

Cet homme de 48 ans a commencé sa carrière dans le monde académique. Après des études de droit à Lisbonne, Barroso effectue divers séjours d’études à Genève, Washington, New York et Luxembourg et se fait ensuite un nom en qualité de professeur invité à l’étranger et journaliste spécialisé dans les affaires européennes.

Un caméléon politique

C’est en 1974, durant la Révolution des Œillets, qui libéra son pays d’une dictature militaire qui durait depuis 1926, que Barroso entre en contact avec la politique. L’étudiant en droit se rallie en effet à un groupuscule d’activistes maoïstes (MRPP). Mais il retourne rapidement sa veste : en 1980, il rejoint le Parti Social Démocrate (PSD) qui, contrairement à ce que son nom peut laisser entendre, se situe à droite dans le spectre politique portugais.

Au vu de cette soudaine métamorphose du communiste en conservateur, les sceptiques peuvent mettre en doute la stabilité politique du nouveau Président désigné de la Commission. Mais il n’est pas à court de réponse. Il déclare ainsi dans le Corriere della Serra du 30 juin 2004 : « Celui qui dans sa jeunesse n’a pas été communiste n’a pas de cœur ; mais celui qui, adulte, l’est toujours, n’a pas de cervelle ». Le Portugais balaye tous les doutes ! Il s’efforce au demeurant d’être bienveillant envers toutes les factions politiques et se présente en conséquence sans parti pris : « Je suis réformateur, non pas révolutionnaire ; je suis centriste, non pas fanatique de la libre économie de marché ».

Barroso poursuit sa carrière sans perdre de temps. Anibal Cavaco Silva, Président du PSD et « père » des droits modernes portugais, est son principal soutien. Il voit en lui l’étoile montante du parti et le fait accéder au poste de Secrétaire d’Etat à l’Administration Interne en 1987. Dans les années qui suivent, Barroso peut également faire montre de sa diplomatie sur la scène internationale : la médiation réussie entre le gouvernement et les rebelles en Angola au début des années quatre-vingt dix est l’une de ses plus grandes victoires à cette époque. Les différentes étapes se succèdent ensuite : il est nommé Ministère des Affaires étrangères en 1992, Président du parti en 1999 et se voit confier la direction du gouvernement portugais en avril 2002. A peine entré en fonctions, le tout nouveau Premier Ministre commence par mettre en place des mesures d’économie drastiques, pour réduire le déficit budgétaire et éviter une autre « lettre bleue » de Bruxelles. Il y parvient, mais se trouve être la cible de nombreuses critiques, même parmi ses proches : « Je me soucie davantage de la cohésion sociale », déclarait dans « L’Express » Santana Lopes, sempiternel ami et rival de Barroso.

Au vu de la mauvaise situation de son pays, sa nomination en tant que Président de la Commission ne tombe pas si mal. Mais le « nouveau » doit bientôt apprendre qu’à Bruxelles aussi, la temps n’est pas au beau fixe.

Transatlantiques contre pro-Européens

Les attaques viennent tout particulièrement du camp des sociaux-démocrates européens : à leurs yeux, Barroso est partisan d’un « démontage social » et d’une politique néo-libérale. D’autres voix craignent une dérive à droite, réserve que même l’affirmation du conseiller politique de Barroso - José Arantes - assurant que ce dernier est bien plus à gauche (ou moins à droite) que Blair, ne peut écarter.

Et il y a surtout les relations du « nouveau » avec les Etats-Unis et sa prise de position sur la guerre en Irak. L’orientation transatlantique de Barroso, qui a signé la Lettre des Huit et organisé le sommet des Açores en mars 2003, donne l’occasion à de nombreux critiques de remettre en cause sa capacité à siéger au sommet de la Commission Européenne. Barroso reste pourtant un Européen convaincu. Suffisant pour calmer les esprits ?

Beaucoup à faire

A son arrivée dans le Berlaymont de Bruxelles – le siège de la Commission - le nouveau Président de la Commission sera attendu par une longue liste de tâches difficiles. Premièrement : élaborer les « perspectives financières » du budget communautaire, à partir de 2007. Deuxièmement : se préparer à de nouvelles négociations d’adhésion. Et troisièmement : tenter de faire recouvrer à la Commission son rôle de défenseur des intérêts européens. Les sceptiques soupçonnent le Portugais de manquer de la stabilité et de l’expérience nécessaires pour ce faire au niveau européen. Mais jusqu’à ce jour, le « nouveau » s’est battu plutôt vaillamment. Lors de la composition de son équipe, il s’est montré tout à fait diplomate quant aux convoitises des gouvernements nationaux. Il reste encore à espérer qu’il fera preuve de solidité à l’avenir et qu’il deviendra finalement le candidat non par défaut, mais « idéal ».

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Translated from Barroso: Dritte Wahl für Europa?