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Arta Dobroshi : Superwoman du Kosovo

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Default profile picture Pauline Baker

Culture

La performance de l'actrice kosovare dans le film Le silence de Lorna (2008) des frères Dardenne lui a valu d'être trois fois nominée dans la catégorie Meilleure actrice et d’accéder à une renommée internationale.

Cette femme de 32 ans, originaire de Pristina, revient tout juste de Los Angeles où elle a reçu le prix de la meilleure actrice au Women's International Film & Television Showcase (WIFTS) pour son rôle dans Trois mondes. Entretien

cafebabel.com : Arta, qu'est-ce que ça te fait d’être l'une des « Shooting Stars » de la Berlinale ?

Arta Dobroshi : Mon pays ne pouvait pas me nominer pour Le silence de Lorna car nous ne sommes pas membres du réseau European Film Promotion. À l'époque nous n'étions même pas un pays. Je ne sais pas si la Belgique aurait pu me nominer. Je ne sais pas exactement comment cela fonctionne, et j'apprécie vraiment d'avoir été sélectionnée. Je peux rencontrer des directeurs de casting et nouer des contacts, et même s’il y a des gens que je connais déjà c'est toujours agréable de les revoir. Tout le monde se trouve au même endroit, ce qui est plus simple que de se rendre à des castings individuels. Les récompenses « Shooting Stars » existent depuis 1998. Quand j'étais à Berlin en 2003, je me souviens avoir reçu leur catalogue et leur brochure.

Cela représente aussi beaucoup pour moi, dans la mesure où c'est une manière de dire aux autres qu'il faut croire en ses rêves. Que tout est possible si l'on s’accroche et si l'on continue à croire en ce qui nous rend heureux. Peu importe ce que c’est. Surtout, c'est la première fois que l'on a une « Shooting Star » au Kosovo. Nous avons vécu une guerre, vous savez, et c'est donc parfois très émouvant, par exemple, quand j’entends mon nom suivi de « République du Kosovo » avant de monter sur scène. Jusqu'à maintenant, il nous était impossible de représenter notre pays, puisque nous n’en n’avions pas et que nous étions réprimés.

cafebabel.com : Est-ce que l'on te pose encore beaucoup de questions sur tes origines et ta nationalité ?

Arta Dobroshi : Cela a de moins en moins d'importance. On me parle plus de mon jeu maintenant. Mais à l’époque, la guerre était encore fraîchement inscrite dans les mémoires. Jusqu'en 1999 j’ai pratiquement vécu dans une zone de guerre, où le simple fait de pouvoir se promener librement était un luxe. Ici il y a des personnes merveilleuses qui s'occupent de vous, qui vous mettent en avant et qui vous font rencontrer plein de gens bien, qui organisent des entretiens avec eux et ainsi de suite. Mes origines et ce que j’ai vécu font que j'apprécie cela encore plus.

cafebabel.com : Où te considères-tu chez toi ?

Arta Dobroshi : Je ne me suis encore établie nulle part. Je voyage beaucoup. Je vais prendre l'avion pour New York pour mon prochain contrat. Le monde devient de plus en plus petit et il est plus facile de voyager maintenant. J'ai l'impression que je change juste de quartiers plutôt que de pays. Tu arrives dans un quartier et tu y passes quelques mois ou quelques semaines, et puis tu vas plus loin. Garder certaines habitudes peut aider, comme faire de la natation ou de la danse.

cafebabel.com : Est-ce que cela te plairait de travailler à nouveau avec les frères Dardenne ?

Arta Dobroshi : Oui, sans hésitation. Nous avons échangé des e-mails il y a quelques jours car j'ai été sélectionnée pour les César. Ils sont en phase d'écriture actuellement. Ils consacrent normalement deux ans à l'écriture et débutent ensuite la pré-production etc.

cafebabel.com : Quel genre de rôles aimerais-tu jouer ?

Arta Dobroshi : Superwoman. Il n'y a pas tellement de rôles féminins chez les super-héros, et depuis toute petite j'ai toujours aimé le personnage de Superman, avec la musique etc. C’est quelque chose que l'on regardait beaucoup à la télévision.

cafebabel.com : Est-ce que tu as été exposée à beaucoup de productions cinématographiques occidentales et, plus généralement, à la culture occidentale quand tu étais enfant ?

Arta Dobroshi : Nous étions très connectés à l'Amérique à travers la télé et la culture. En fait, plus à l'Amérique qu'à l'Europe. Nous avons grandi avec la musique et les films américains qui passaient à la télé. Donc j'ai probablement été très influencée.

cafebabel.com : Est-ce que tu es toujours plus attirée par les productions américaines que les productions européennes ?

Arta Dobroshi : Peut-être. Mais aujourd'hui tout est plus mondial. J’étais récemment à Los Angeles et l'on peut voir à quel point c'est proche. Tout est très connecté. C'est comme ça que je ressens les choses maintenant.

cafebabel.com : Est-ce que l’on te voit comme une Européenne aux Etats-Unis ?

Arta Dobroshi : Jusqu'à maintenant c’est Arta que l’on voit. C’est-à-dire ni une Européenne, ni quelqu’un des Balkans, mais plutôt la personne. Après tout, nous sommes tous très différents. Comment peut-on décréter qu’ici il y a une frontière et que la personne qui vit de l'autre côté est différente de toi ? C'est ridicule.

Lire l'entretien original sur le blog officiel de cafebabel Berlin

Photos : Une et Texte © Katarzyna Swierc pour le festival du film de Berlin 2013 par cafebabel.com

Translated from Arta Dobroshi: 'It gets emotional when I'm called on stage followed by ‘Republic of Kosovo’'