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[Apprendre à] maîtriser le langage non-verbal turc

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Istanbul

D'un pays à l'autre, certains gestes peuvent avoir une signification complètement différente. Pour éviter de vous trouver dans une situation embarrassante, cafébabel vous offre la première partie d'un lexique de survie non-verbale. Témoignages à l'appui!

Plus encore qu’apprivoiser un vocabulaire de base en turc, il nous a semblé, pour survivre, qu’une maîtrise de sa communication non-verbale était un must. En effet, à l’image de nos amis italiens, les Turcs accordent une valeur communicative à leurs corps autant qu’à leur voix – parce qu’un clin d’œil et des doigts qui claquent valent toujours mieux qu’un long discours. Le hic : la Turquie fait partie de ces pays où certains gestes peuvent être, culturellement, différemment perçus. Ici, on ne joue pas à « j’ai volé ton nez » avec la fille de son patron, à moins de vouloir être remercié sans préavis. Parce que l’embarras est un poids lourd, cafébabel Istanbul vous offre un petit lexique (témoignages à l’appui !) de ces gestes à absolument maitriser au quotidien, à ne reproduire en Turquie sous aucun pretexte ou à oublier une fois de retour au bercail.

1 – « Oui », à ne pas confondre avec « j’ai sommeil »

« Je suis allée dans une ferme dans le sud de la Turquie dans le cadre d’un Service Volontaire. Célèbre pour sa production de fromage de chèvre, j’y ai travaillé pendant deux semaines. Chaque matin, Zarife, une villageoise, venait aider le propriétaire à traire ses chèvres. Je les aidais aussi, en plus de séparer les chevreaux de leurs mères qui allaient dans la forêt l’après-midi. Zarife ne parlait pas un mot d’anglais, et je ne parlais pas un mot de turc. Un jour, je lui ai demandé s’il fallait que j’ouvre la barrière pour laisser sortir les chevreaux. Elle ne m’a pas répondu, parce qu’elle ne pouvait pas, mais elle m’avait comprise. Elle a alors en guise de réponse gentiment fermé les yeux. Dans un premier temps, j’ai pensé qu’elle devait être fatiguée. Après plusieurs fois, j’ai finalement compris. Ça voulait dire OUI ! Et quand elle ouvrait grand les yeux, ça voulait dire NON ! Plutôt étrange pour moi, ça a surtout été une belle expérience de communication non-verbale. »

(Cristina, Italie)

Pour dire oui, les turcs ont en effet tendance à simplement fermer les yeux en relevant/baissant doucement la tête, tel un mystérieux coach spirituel dans un club de yoga du centre-ville.

2 – « Non », à ne pas confondre avec « oui » ni « dégage d'ici, pauvre type »

« Après avoir passé quelques mois en Turquie, je suis retournée en Belgique. Au cinéma, j’ai acheté des popcorns : quand la caissière m’a proposé un coca à moitié prix, j’ai répondu en relevant le menton et les sourcils, accompagné du son 'T' - au lieu de lui répondre "non, merci". Elle s’est mise en colère et s’est montrée impolie envers moi. Je lui ai expliqué qu’il n’y avait pas de raison de se mettre dans un état pareil parce que je n’avais pas envie d’acheter un coca. À quoi elle a répondu que c’était moi qui étais impolie, en imitant mon geste. J’ai à ce moment-là réalisé qu’en Belgique, ce geste-là signifiait en effet plutôt "dégage d’ici, pauvre type". Frappée par la différence culturelle, je me suis bien sûr excusée – mais ai été incapable de la convaincre que mon geste ne voulait rien dire d’autre que "non, merci". » 

(Sophie, Belgique)

« Le "non'" ressemble à un "oui" ! Au début, quand j’invitais par exemple mes collègues à sortir fumer une cigarette, ils me répondaient avec leur "non"… et je restais, malgré tout, là à les attendre ! »

(Cath, France)

« Pour dire non, ils tapent leur langue sur leurs palais, relèvent la tête rapidement et haussent  les sourcils. Ça parait assez offensant… et ressemble à un "oui" ! Il y a deux ans, le chauffeur d’un bus m’a répondu de cette façon lorsque je lui ai demandé s’il allait au Babek Sahili. Je suis donc restée dans le bus, et me suis retrouvée à l’opposé de ma destination initiale !" »

(Nariman Essam El-Din El-Mansoury, Égypte)

Unique en son genre, le non à la turque consiste à, comme expliqué dans ces témoignages, lever la tête en claquant la langue contre son palais et en relevant les sourcils. Plutôt offensant en occident, on vous conseille de l’adopter, mais pas de l’importer !  

3 – « Va te faire foutre », à ne pas confondre avec « J’ai volé ton nez »

« Pendant que nous attendions mon mari dans l’ascenseur, j’ai joué à "j’ai volé ton nez" avec son fils de 3 ans. Vous voyez, le pouce entre l’index et le majeur. Mon mari est à ce moment-là entré dans l’ascenseur, et était outré par ma grossièreté à l’égard d’un enfant de 3 ans à peine. Je lui ai expliqué que ce n’était qu’un jeu, mais je pense toujours qu’il était trop choqué pour comprendre ! »

 (Anonyme, Angleterre)

En Turquie, cet innocent jeu a pour message « va voir ailleurs si j’y suis ». Version très, très vulgaire – à vos risques et périls.

4 – « Atchoum », mais pas en public

« Je suis parti faire un séjour Erasmus en Allemagne. Mon plus gros choc culturel : ces gens qui se mouchent en public. Non seulement, ça m’a paru extrêmement impoli, mais en plus j’ai été traumatisé par le son qui pouvait sortir des nez qui m’entouraient. Se nettoyer le nez, c’est une affaire privée, ici, en Turquie ! »

 (Serdar, Turquie)

C'est clair : vous éviterez de vous moucher en public, à moins de vouloir envoyer un message du type « devine quelle chanson célèbre j’imite sans me soucier du fait que ça te paraisse grossier de l’imiter avec mon nez bouché » !

Oui, non, j’ai volé ton nez, atchoum : quatre exemples qui démontrent la spécificité du langage non-verbal local. On revient très, très vite avec d’autres basiques à maîtriser pour assurer votre survie – en attendant, on vous conseille vivement de d'ores et déjà les intégrer!