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amsterdam : LES éCOLIERS DU DIMANCHE DE ZUIDOOST

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Story by

Britta Kuck

Translation by:

Laetitia Shepherd

C'est dimanche à Amsterdam et Amin est très concentré. Avec ses amis John Paul et Guevero, il essaie de coller ensemble deux planches de bois de 20 centimètres pour construire un pont.  Âgés tous trois de 12 ans, ces jeunes de Zuidoost, quartier d'immigrés à Amsterdam, fréquentent l' "IMC Weekendschool", qui permet depuis 15 ans aux enfants de s'initier à un métier.

Amin Mimoun Bourass, John Paul Legarde, Guevero Nijhove et 17 de leurs camarades de classe se rendent tous les dimanches dans cette école ouverte le week end à "Zuidoost", un quartier à problèmes d'Amsterdam. Mais au lieu de potasser les maths, l'anglais ou la physique, ce sont ici plusieurs métiers que ces collégiens hollandais apprennent.  Chaque dimanche pendant deux ans et demi, ils partent en excursion ou assistent et participent activement à des cours donnés par des intervenants invités. Parfois ils ont le droit de toucher un coeur de vache, qu'un médecin va ensuite disséquer devant eux, parfois ils révêtent la robe et prennent place sur l'estrade d'un tribunal. 

Il y a 15 ans qu'Heleen Terwijn a donné vie au projet de l' "école du week end". Dans les années 90, cette psychologue a étudié la motivation des enfants du quartier de Zuidoost à Amsterdam, le plus grand quartier d'immigrés en Hollande. Pendant trois ans, elle a accompagné des milliers d' écoliers dans le cadre de ses recherches. Ces dernières ont révélé que l'enseignement scolaire classique n'était pas suffisant pour préparer les enfants à la vie active; il manquait aux enfants des perspectives d'avenir. La solution serait de proposer des cours supplémentaires donnés par des personnes qui aiment leur métier. Il conviendrait de proposer cette formation complémentaire dès  dix ans, car à cet âge les enfants sont particulièrement intéressés et capables d'assimiler. C'est ainsi que le concept d'école du dimanche est venu à Heleen Terwijn, qui était tellement emballée par l'idée qu'elle décida d'en faire une réalité. 

MOTIVéS POUR ALLER à L'éCOLE LE DIMANCHE

C'est dans l'entreprise financière IMC qu'elle trouva ses premiers sponsors. En 1998, 30 enfants de l'âge de 10 ans se rendirent pour la première fois à l' „IMC Weekendschool“ d' Amsterdam Zuidoost. Seuls pouvaient y participer les enfants vraiment motivés et qui pouvaient concevoir d'aller à l'école tous les dimanches pendant deux ans et demi. 15 ans plus tard, ce sont 900 jeunes filles et garçons qui fréquentent 9 écoles de week end à travers la Hollande et 1248 élèves qui ont complété le cycle avec succès. Sur les bancs de l'école de Zuidoost, on trouve Amin, John Paul, Guevero et l'allemande Veda Stormfeltz.

"Meester" (Maître en français), crie Amin dans la salle de classe. Le Maître en question, c'est Peter Schoonderbeek. "Peut-on aussi construire un pont à treillis en bois?" veut savoir Amin. "Oui, c'est possible", répond Maître Peter avant de lancer un concours de construction de pont parmi les jeunes ingénieurs. Trois à quatre filles et garçons travaillent en équipe. Chaque équipe reçoit le même matériel: des réglettes en bois de 20 centimètres de long ainsi que du fil et du ruban adhésif. "Votre pont, explique  Schoonderbeek, doit faire au moins 50 centimètres de long. L'équipe qui bâtit le pont le plus stable remporte un prix." "Qu'y-a-t'il à gagner?", demande Amin. "Des bonbons?" s'enquiert John paul, un membre de son équipe. Cela sera une surprise. Les enfants commencent par faire des croquis sur une feuille A3. Après un quart d'heure, chaque équipe doit se mettre d'accord sur le projet qui sera mis en œuvre.

Au bout d'un moment, Amin, John Paul et Guevero n'ont plus de ruban adhésif. Heureusement que nos jeunes constructeurs de pont sont inventifs, car il n'y a pas de rab. C'est ainsi qu'ils se servent des étiquettes adhésives portant leur nom pour renforcer les triangles en bois qui doivent soutenir le pont.  "Oh mon Dieu", crie Veda, horrifiée à la vue du pont qui s'effondre qu milieu.  Le but du week end est cependant moins de parvenir à un travail d'ingénierie parfait, que de bâtir des ponts avec les enfants au sens figuré - vers un futur de leur choix et vers un métier qui les rend heureux. 

La hollande, hong kong, BRUXELLES ET BIENtÔt BERLIN

En Hollande, on trouve neuf écoles de week end, dont trois à Amsterdam. Des écoles partenaires sont apparues en 2009 à Hong Kong, en avril 2013 à Bruxelles et les prochaines devraient bientôt voir le jour à Berlin-Neukölln. Les écoles sont financées par plus de 100 sponsors et fondations, qui soutiennent des projets précis pendant 3 à 5 ans. Cela permet de payer les salaires de 42 employés à plein temps et de 34 employés à temps partiel et d'acheter du matériel d'apprentissage pour les écoliers. Pour eux, l'école du dimanche est gratuite. Elle compte également environ 2000 bénévoles.

L' IMC Weekendschool bénéficie d'une très bonne réputation en Hollande. On n'y donne pas de note, mais des points de présence et de participation. Le soutien le plus important provient de la Reine Máxima. Cette banquière de formation est déjà intervenue plusieurs fois auprès des enfants pour leur expliquer le micro crédit. D'autres intervenants envoyés par les sponsors donnent des cours d'informatique, de technologie, d' architecture, de droit ou de médecine, afin de donner aux enfants l'horizon de métiers le plus large possible.

De retour à l'école de week end d'Amsterdam Zuidoost: les jeunes constructeurs de pont présentent leur travail. Peter Schoonderbeek teste à présent la stabilité des quatre mini ponts. La maquette d'Amin, Guevero et John Paul peut supporter jusqu'à 25 kilos. C'est la meilleure. Les trois ingénieurs en herbe ont réussi - et jubilent. Pas de bonbons pour les vainqueurs, mais une clé USB pour chacun. Amin conclut par une danse de la victoire et lance à ses co-équipiers: "Un jour, je serai ingénieur". Il ne serait pas le premier des étudiants de l'IMC Weekendschool à réaliser son rêve.

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Translated from Die Sonntagslerner von Amsterdam Zuidoost