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A propos des élections européennes

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Article de Michele Ciavarini Azzi, President de l'UEF.be

Depuis plusieurs semaines, deux petits bus électoraux se baladent à travers le quartier européen à Bruxelles, montrant une grande pancarte : « Having Democracy for breakfast? Do not swallow the Lisbon Traty whole », signé Libertas, l’alliance des anti-européens en Europe.

A un mois environ des élections européennes en Belgique, la campagne électorale semble avoir du mal à rentrer dans le vif des enjeux européens et à présenter des alternatives claires par rapport aux grands défis du présent et de l’avenir. Défis, auxquels l’Europe devra, de toute façon, faire face, à commencer par la reprise économique et le renouveau de confiance dans le système financier international. Ainsi, les mouvements anti-européens parviennent à se coaliser et à communiquer facilement un message clair et simple, qui, d’ailleurs, ne les engagent à rien.

European Parliament plenary En effet, en Belgique, où le vote est obligatoire, la campagne pour les élections européennes est presque inexistante, surclassée par la campagne pour les élections régionales qui se tiendront le même jour. Les affiches et les débats politiques, que ce soit à la radio ou sur les principales chaînes de télévision, tournent autour des compétences et des enjeux régionaux ou même nationaux. Rien n’est dit, ou presque, sur les positions des principaux partis politiques concernant les choix à faire en Europe. Mêmes les grandes pointures se limitent à affirmer que l’Europe c’est important, en répétant des slogans sans beaucoup de conviction ni de motivation. A vrai dire, la situation n’est pas très différente dans les autres pays européens. Comment l’expliquer ?

Le manque d’un lien direct et clair, en Europe, entre un choix individuel – c’est-à-dire le vote – et la formation d’un gouvernement ou d’un pouvoir exécutif (dans ce cas, supranational), qui pourrait être représenté par la présentation d’un candidat ou d’une candidate à la présidence de cet exécutif, ainsi que d’un véritable programme, peut confondre les électeurs. Ceux-ci ont l’impression que leur vote ne déterminera ni de vrais choix ni de vrais changements, et qu’ainsi la possibilité d’influencer les décisions de l’Union européenne est très faible.

Il est vrai que le Parlement européen ne travaille pas de la même façon qu’un parlement national élu sur la base d’un système majoritaire, où il existe une majorité et une opposition, le principal objectif politique étant, pour toute décision législative, la recherche d’un large consensus transversal parmi les deux ou trois principaux groupes politiques européens. Mais il faut aussi ajouter que les positions des grandes familles politiques sur plusieurs thèmes, notamment les droits civiques, l’environnement, l’énergie, la défense, la politique étrangère, sont assez nuancées, voire divergentes. Dès lors, il est essentiel de savoir pour qui on vote et pour ce qu’on vote. Il serait utile de rappeler que le Parlement européen, en codécision avec le Conseil, produit environ 80% de l’ensemble de la législation qui est en application dans les 27 Etats membres de l’Union européenne ! Raison de plus pour sélectionner et choisir de façon judicieuse nos législateurs pour les cinq années à venir.

Les citoyens sont beaucoup plus conscients que les dirigeants politiques du rôle joué par l’Europe. Comme le rappelle la jeune C.D. dans l’almanach du Mouvement européen : « L’Europe représente aussi de nombreuses familles, allant des personnes âgées aux nouveaux-nés. L’Europe se sont des amitiés internationales, des voyages (à l’intérieur de l’Union) sans contrôle. L’Europe, c’est un sentiment de confiance... L’Union européenne nous influence tous, parfois sans que nous nous en rendions compte ».

Il faudrait, alors, faire évoluer davantage l’idée de citoyenneté européenne et prendre le temps de mieux expliquer aux citoyens les importantes nouveautés introduites par le Traité de Lisbonne, dont le processus de ratification n’est pas encore terminé, ainsi que ses implications sur l’avenir de l’intégration européenne. Est-ce trop demander ?