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50 ans d’Europe à Bruxelles, un bilan mitigé?

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Bruxelles

Article écrit par Julien De Cruz L’os à Moëlle, un bar un peu burlesque au coeur de Schaerbeek, quartier populaire de Bruxelles, lumières tamisées et ambiance familiale. Dans la salle, des Bruxellois partageant leur ville natale depuis des décennies avec la machine européenne.

Sur la scène, trois personnalités choisies par Café Babel pour leur connaissance du petit monde des institutions: Frédérique Ries, députée européenne belge, Willy Hélin, chef de la Représentation de la Commission européenne en Belgique et Richard Hill, auteur britannique installé à Bruxelles depuis 40 ans.

L’équipe de Café Babel demande à Willy Hélin d’ouvrir le débat. Le constat de ce belge travaillant depuis des années pour assurer le lien entre l’Europe et la Belgique est simple. Oui, il existe bien une tendance chez certains “eurocrates” à profiter de l’espace bruxellois sans rien apporter en retour. Pourtant des efforts sont faits pour renforcer les liens. Le problème selon lui n’est pas le déficit de démocratie “dont on nous rebat les oreilles” mais plutôt un déficit de communication des institutions.

Frédérique Ries, elle aussi, fustige les dérives de l’eurocratie. Elle défend les parlementaires, élus, donc à son sens plus proches des gens. Richard Hill fait remarquer que les belges étaient probablement le peuple d’Europe le plus enclin à accueillir les fonctionnaires et employés de toutes les nationalités européennes. Les belges selon lui n’ont pas tendance à imposer leur culture aux autres. Contrairement à Londres ou Paris, on peut vivre quarante ans à Bruxelles sans avoir jamais à “devenir belge”.

Mais justement si on leur donnait la parole, aux belges?

Résidents en colère

Les habitants de Schaerbeek ayant répondu à l’invitation sont d’horizons divers. Certains connaissent bien le milieu des institutions et y ont travaillé. D’autres n’y ont jamais vu qu’une porte close. Plusieurs éléments font débat. D’abord, le salaire des eurocrates. Pourquoi tant d’argent pour eux alors qu’à Schaerbeek on peine souvent à joindre les deux bouts ? Le quartier européen montre une figure opulente alors qu’à un ou deux kilomètres, les jeunes sont désœuvrés. Un résident en colère a rédigé un poème. Il rappelle que de jeunes bruxellois ont été interpellés le soir même pour leur appartenance présumée à un réseau terroriste.

whelin Bien que Willy Hélin et Frédérique Ries tentent de faire preuve d’optimisme face à un tableau bien sombre, on sent bien que les institutions européennes cristallisent à Bruxelles les frustrations et sentiments d’injustice de ceux qui s’en sentent exclus.

On met en valeur l’importance de l’éducation sur l’Europe et sur le rôle des médias. Richard Hill, lui, reste silencieux. A la question de savoir si l’Europe est difficile à vendre, sa réponse est claire: oui et ce fût surtout le cas pour lui quand il s’est agi de publier ses livres au Royaume Uni. L’atmosphère se détend mais le débat n’est pas fini.

Unis dans la diversité

Bien que l’équipe de Café Babel se démène pour cadrer le débat, le malaise ne s'apaise pas, les bruxellois n’ont pas dit leur dernier mot et continuent d’égrener leurs doléances. Très vite, les problèmes actuels de la Belgique font surface, la question de la cohabitation des langues, du respect de l’autre et de la difficulté de vivre ensemble quand la culture sépare. Le pays est souvent face à l’implosion du fait même de sa diversité et le débat est un peu à son image, sur le fil du rasoir.

author Au fait, ne se pose-t-on pas la même question à l'échelle Européenne? Finalement il est bien difficile de dire si une vrai culture européenne unit les peuples. Cela explique sans doute pourquoi l’espace européen est si dur à gouverner. Unis dans la diversité? La devise européenne pourrait finalement s’appliquer aux belges, petite mosaïque de peuples européens qui doivent cohabiter. Ce soir-là, ils étaient en tout cas tous d’accord pour exprimer de vifs doutes quant à l’intégration des institutions dans leur paysage urbain. Bruxelles et l’Europe, un mariage de raison et un bilan mitigé. Richard Hill insiste quand-même sur le fait que les valeurs essentielles des habitants de ce pays, Flamands autant que Wallons et Bruxellois, sont identiques. "Cela apparaît tout à fait évident quand on compare les cultures des pays limitrophes" conclue-t-il.